Les origines d’un village du Savès

Savés-Evêché de Lombez- Comté de Comminges.

L’actuelle commune de Montpézat, canton de Lombez (Gers) s’étant agrandie vers 1836 avec la réunion de la commune de Gensac-Savès, nous ne nous intéressons ici qu’à l’entité primitive du lieu. N’ayant, pour l’instant aucun indice d’un habitat antérieur au XIIe siècle sur cette dernière, cela nous amène à envisager la création de Montpézat, par les comtes de Comminges comme une place forte au croisement de routes médiévales : celle de Carbonne à Lombez, qui permettait aux évêques et leurs fermiers d’accéder au sud-est de l’évêché (Fustignac) et la route commerciale de l’Isle-en-Dodon à Rieumes.

Place forte, Montpézat le fut sans aucun doute : son castelnau est le plus impressionnant du Savès. Il s’agit d’une plate-forme circulaire entourée de profonds fossés et ceints d’un rempart de blocs énormes de calcaire qui ont été réemployés pour l’église. Il fut même, pendant la guerre de cent ans (1375), à la suite de la ruine de Samatan (1355) chef-lieu d’une châtellenie commingeoise.

 On peut fixer la création de la forteresse entre 1150 et 1180. En effet Dodon de Samatan, tient le Savès en fief direct et fonde très certainement l’Isle, « de haut ». Il devient comte de Comminges sous le nom de Bernard III puis se retire en 1176.Là, il dote son second fils, Gui, de la seigneurie du Savès. Dans tous les cas c’est Dodon ou Gui qui bâtit le « castrum ». Ce dernier a pu tirer son nom en référence à l’antique et surprenante forteresse commingeoise de Montpézat, près de Saint-Martory. Si une « chapellenie » est citée à Montpézat en 1201 (Domenge de Forgues en est le dignitaire), le « castrum » figure dans deux inventaires des biens des Comminges-Savès, ce en 1240 puis en 1269.En 1280, le comte Bernard IV achète mille livres tournois les châteaux de Monblanc et Montpézat, à Aimeric, son cousin, et lui recède en fief. La procédure visant à éviter un héritage malheureux qui aurait pu faire sortir ces deux précieuses places fortes du comté. N’oublions pas qu’Alphonse de Poitiers avait déjà bien grignoté le domaine comtal en entrainant dans la couronne Sajas, Fabas, Alan et Sainte-Foy de Peyrolière..

 

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Montpézat

Le Barri couvert

A quelle époque s’adjoint au « castrum » le faubourg commerçant, le Barri ? Les travaux d’aménagement de 1996 n’ont donné comme indices que de la céramique de type « commingeois » qui semble-t-il n’est apparue qu’à la fin du XIIIe siècle. Est-ce vers cette époque qu’il faut voir la création de la première halle et des auvents ? La fouille des silos et l’observation attentive des tranchées lors des travaux laisse supposer que ce qui reste aujourd’hui de l’ensemble, la maison Fabre et les silos, n’est pas antérieur à la fin du XVe siécle. Si le quartier pu servir de place de marché auparavant, le stockage était protégé et devait se trouver au cœur du « castrum ». C’est donc dans la vague de paix et de reconstruction, qui s’étale sur un siècle, de 1460 à 1560, qu’il faut voir s’élever la place marchande.

La seigneurie

D’abord sous directe comtale, la seigneurie de Montpézat est ensuite engagée par le roi aux de Mont de Rieumes de 1590-1620 et aux de Bon du Callaoué (1750).

Culte

Eglise vouée à l’Assomption. Ancienne église et cimetière au nord-ouest.Confrérie de Notre-Dame de Pitié, statuts posés en 1307approuvés en 1348(1). Les confrères se réunissaient à la chapelle de Peygamont, cimetière (Bouyssou 1969)

La communauté

En 1665 Pierre Bouzin afferme à Jacques Chourrel, marchand trafiquant de Rieumes, la boucherie de Montpézat en présence de Pierre Vignères tisserand de Rieumes

Notaires

Goudi Salbus de Campariolo notaire en 1305. Bouzin est déjà notaire de Montpézat en 1540, ou il représentera le syndic des villages du Savès lors de la contestation des biens nobles(3). Ils s’allieront par mariage à d’autres notaires tel les Tayac dont Dominique est doyen des notaires de Toulouse, les Dario (Pouy), Mulé (le Pin). En 1812 leur étude est rattachée à Lombez.De 1562 à 1615(4), les Viguier sont aussi notaires de Montpézat.

Témoins archéologiques

Castelnau : Montpézat se situe au sommet d’une crête d’interplaine séparant la vallée d’un ruisseau anonyme de celle de la Gradou .Cette situation dominante permet une surveillance en toutes directions. Il ne reste actuellement rien du château mais le tertre circulaire est toujours en place. Des restes de fossés, partiellement comblés, au milieu du XXe siècle, ceignent la structure Une dizaine de maisons coiffent son sommet comme on peut le voir sur les trois plans cadastraux, dont celui de 1829 , reproduit par Benoit Cursente. Ces habitations sont un bon indice de la taille de cette motte. D’un diamètre sommital d’environ 100 mètres et d’une hauteur atteignant presque 10 mètres, cette large plate-forme offrait donc un panorama intéressant. Benoit Cursente a fait un profil sommaire de cette structure (Dumont1996)

Le castrum de Montpézat est mentionné, dès le XIIIe siècle, dans deux actes. Il est écrit dans l’acte 267, daté de 1267 : « castri Montispesati ». L’acte 1365, de 1269, désigne plusieurs lieux, dont « Montispesati », « que castra habuerun ».Un parchemin du XVIe siècle, copie d’un écrit du 16 février 1285 (ou 1280 selon Higounet), relate l’achat par Bernard VI de Comminges du « castrum Montispezati de Savesio » à son cousin Aimeric et la restitution en fief du « castrum » à ce dernier. Labbé, Cazauran, dans ses notes sur le «Cartulaire de Berdoues» décrit Montpézat et traite ainsi du « castrum » en parlant du « château féodal », de « motte circulaire » et de « fossés circulaires », partiellement comblés. Benoit Cursente, quant à lui, affirme que de puissants seigneurs sont mentionnés dès la deuxième moitié du XIIe siècle. On ne sait malheureusement pas dans quel document il trouve cette première mention du site de Montpézat (et surtout de ses occupants) mais on peut supposer qu’il s’agit de l’acte 712 cité plus haut. Mais il y aurait confusion : la place forte est une œuvre des comtes de Comminges, citée comme chef-lieu de châtellenie en 1375 (Pierre de Fabrique) puis releva du roi après le rattachement du comté. (Dumont 1996)

Entre 1290 et 1317, le roi annexe le château de Rieumes. De fait l’imposante motte de Montpézat devint le siège d’un chef-lieu de châtellenie comtale dont on connait comme châtelain, en 1375, Pierre de Fabrique (issus semble-t-il de Forgues) .Ses probables successeurs sont les Falgar puis les Marres. Les premiers forment une exception dans cette suite de familles plus « anonymes », car ils sont connus jusqu’au XVIe siècle et comptent des capitouls dans leurs rangs. Au moins, dès la fin du XVIe siècle, le roi engage la seigneurie.

La fouille des silos

L’association Archéo en Savès procéda à la fin de 1995, à la fouille de trois silos sous les auvents des maisons à colombages de Montpézat (Costes 1996). Madame Fabre avait déjà observé l’existence de plusieurs silos dans le sous-sol de sa maison dont le tracé de trois étaient visibles mais la réfection de la départementale va en mettre à jour deux autres aux abords de la maison à l’emplacement d’un auvent disparu, Craignant leur disparition brutale, madame Fabre nous prévint. Suite à l’autorisation de fouille du SRA l’équipe se mit au travail. En novembre et décembre elle dégagea trois silos. Alain Costes étudia et reconstitua la céramique, Vincent Benne traita les plans et Véronique Guilhem dessina le mobilier.

Après étude du mobilier il en résulte que les trois silos fouillés, ont été comblés dans la seconde partie du XVIIe siècle, le comblement du silo 2, a été repris au début du XIXe siècle. On retrouve, là encore, un élément pour insinuer la période finale de l’utilisation générale, en Gascogne Orientale du moins, des silos collectifs, au milieu du XVIIe siècle.


plan montpezat